Le reflux du déficit public s'explique par un moindre investissement des collectivités Abonnés
L’ Insee explique une telle diminution essentiellement par un recul du besoin de financement des collectivités qui est passé de 8,5 milliards d’euros en 2013 à 4,5 milliards d’euros en 2014. Le 26 mars, le gouvernement s’est félicité devant de tels résultats : « la baisse du déficit est le fruit continu, partagé par l’ensemble des administrations de maîtrise des dépenses publiques» ont annoncé le ministre des Finances et le secrétaire d’État chargé du Budget. Mais de tels progrès ne sont pas à mettre au crédit de l’État : au contraire, ils indiquent, une fois encore, l’incapacité de l’administration de l’État à maîtriser ses dépenses et sa capacité à faire peser sur les collectivités les conséquences de ses manquements. En effet, alors que les collectivités ont réussi à diminuer leur déficit de près de la moité, celui de l’Etat a continué à progresser, passant de 69,8 à 74,7 milliards.
Certes, 2014 fut pour les collectivités une année exceptionnelle et favorable à la diminution de leur déficit : année électorale, annonçant la fin d’un cycle, 2014 a vu naturellement ralentir l’investissement. Par ailleurs, toujours selon l’Insee, la baisse des dotations (1,5 milliard d’euros) a eu peu de conséquences sur le recul de l’investissement, car les collectivités ont bénéficié de leur hausse d’impôt de 3,5 millions d’euros. L’Institut note enfin que les dépenses de fonctionnement ont augmenté, notamment celles de personnel (+3,9% en 2014), essentiellement dues aux revalorisations salariales et aux taux de cotisations employeurs à la CNRACL que les collectivités ne peuvent pas maîtriser.
Ces bons résultats ne sont pas sans inquiéter les élus locaux. Philippe Laurent, président de la commission des Finances de l’Association des Maires de France, craint «un effondrement encore plus massif de l’investissement public local en 2015, compte tenu des positions insupportables que fait peser l’Etat sur les budgets locaux». Selon lui, «ce que le pouvoir central annonce comme une bonne nouvelle est, en réalité, l’annonce d’une catastrophe pour la France et les Français : une dégradation rapide de la qualité des infrastructures de nos territoires, une augmentation du chômage et une perte d’attractivité suicidaire d’ici quelques années».
Rappelons que l’an dernier, les collectivités n’avaient pas maîtrisé la réduction du déficit. Celui-ci avait progressé de 5,5 milliards d’euros pour atteindre 9,2 milliards. La Cour des Comptes avait alors précisé dans son rapport sur les finances publiques que «le besoin de financement des collectivités locales avait contribué pour un tiers au retard pris dans la réduction des déficits publics de la France».
Jacques KIMPE le 02 avril 2015 - n°334 de La Lettre des Finances Locales
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