Sécurité : un argument électoral dont le coût ne cesse de progresser. Faut-il s’en plaindre ? Abonnés
Force est de constater, en effet, que le contexte sécuritaire, tant extra-muros qu’intra-muros, est omniprésent, avec la multiplication des conflits géopolitiques et la radicalisation de la délinquance et de la violence. Cette réalité est devenue un trait marquant de notre société, y compris dans nos contrées les plus rurales, et pas seulement sur nos écrans de télévision ou nos smartphones.
Dans ce contexte, mais aussi du fait des difficultés de l’État à assumer pleinement sa responsabilité « régalienne » — qui consiste à garantir la sécurité de ses concitoyens — nous assistons depuis une vingtaine d’années à une décentralisation « par défaut » (ou plutôt une déconcentration d’un point de vue juridique). Les Maires, contraints par leurs électeurs, s’en sont emparés.
C’est dans cette optique que l’Observatoire des Finances et de la Gestion publique Locales (OFGL) a publié, en octobre dernier, un rapport intitulé : « Les enjeux financiers des polices municipales – Nouveaux éclairages ».
Il est vrai que les polices municipales ne cessent de monter en puissance, comme en témoigne le projet de loi issu du Beauvau des polices municipales, adopté le 29 octobre dernier en Conseil des ministres. Ce projet de loi vise notamment à étendre les prérogatives des polices municipales avec une compétence judiciaire élargie.
Ainsi, aujourd’hui, ce sont plus de 4 600 communes qui emploient 28 000 policiers municipaux, soit deux fois plus qu’en 2002 et cinq fois plus qu’en 1984. De plus, la vidéoprotection est désormais présente dans plus de 95 % des villes médianes, avec une moyenne de 126 caméras par commune contre 66 en 2020. Si la sécurité de proximité répond à une forte attente des électeurs, cela a un coût !
Alors que les budgets des services communaux sont de plus en plus contraints, l’ensemble des dépenses de fonctionnement des polices municipales et intercommunales est évalué par l’OFGL à 2,28 Md€ en 2024, soit une hausse de +5,7 % par rapport à 2023. En sept ans, les dépenses de fonctionnement des polices municipales ont augmenté en moyenne de +41 %, contre +16 % de croissance pour les dépenses de fonctionnement des autres services publics. Sur les cinq années du mandat en cours, 70 % des communes concernées ont déjà investi davantage pour leur police municipale et la sécurité du quotidien que sur les six années du mandat précédent.
Dans un rapport de la Cour des comptes sur la police municipale de Meaux (l’une des communes les plus dotées dans ce domaine), on apprend que, selon les données statistiques du CLSPD, le taux de criminalité — qui exprime le rapport entre le nombre de crimes et délits constatés par les services de police et la population — est passé de 97,1 ‰ en 2004 à 52 ‰ en 2018.
Bien sûr, des réfractaires dénonceront la disproportion de ces dépenses, tandis que d’autres leur répondront que la tranquillité n’a pas de prix !
Hugues Farnoux le 13 novembre 2025 - n°566 de La Lettre des Finances Locales
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