Les primes allouées aux candidats non retenus aux concours de maîtrise d’œuvre sont obligatoires et ne sauraient être sous-évaluées Abonnés
Le Conseil d’État et les tribunaux administratif (TA) ont eu à statuer sur deux dossiers relatifs aux primes attribuées aux candidats non retenus dans des marchés de maîtrise d’œuvre. Dans un arrêt du 17 mai 2017, le Conseil d’État a répondu à deux questions : l’une relative à l’intérêt pour agir ; l’autre tenant à l’absence de primes pour les candidats n’ayant pas remporté le concours.
Dans les faits, une communauté de communes avait attribué le marché de maîtrise d’œuvre d’une école intercommunale de musique à un cabinet d’architecture. Le conseil régional de l’Ordre des architectes (CROA) avait demandé au tribunal administratif de Nîmes d’annuler la décision d’attribution de ce marché car l’avis d’appel à concurrence de ce marché ne prévoyait pas le versement d’une prime pour les candidats non retenus. La collectivité avait méconnu l’article 74 du CMP alors en vigueur. Le TA a toutefois rejeté la demande du CROA, estimant qu’il n’avait pas intérêt à agir. Ce dernier a alors interjeté appel devant la CAA qui a admis son intérêt à agir au regard de l’article 26 de la loi du 3 janvier 1977 sur l’architecture. La communauté de communes a formé un pourvoi en cassation devant le Conseil d’État qui a confirmé la position de la CAA. Il a effectivement rappelé qu’un avis d’appel à concurrence ne prévoyant pas une telle prime méconnaissait les droits des architectes.
Dans une autre affaire, dans un jugement du 20 septembre 2016, le TA de Lille a estimé que la prime en litige était "manifestement sous-évaluée". En l’espèce, une autre commune avait lancé une procédure de concours de maîtrise d’œuvre pour la construction d’un groupe scolaire. Le règlement prévoyait qu’une indemnité de 5 000 euros serait reversée aux candidats non retenus. Jugeant cette somme trop faible, le conseil régional de l’Ordre des architectes du Nord-Pas-de-Calais a demandé à la commune que cette somme soit reconsidérée à hauteur de 12 420 euros. Le TA de Lille a estimé que la prime fixée à 5 000 euros était "manifestement sous-évaluée" et que cette sous-évaluation était susceptible d’avoir dissuadé des architectes à candidater. Selon les juges, cette sous évaluation a créé une distorsion et entaché la procédure d’irrégularité. Il s’agit d’un motif d’intérêt général qui aurait dû conduire la commune à déclarer sans suite cette procédure (CE, 17/05/2017, n°396034 ; TA de Lille, 20/09/2016, n°120709).
Jacques KIMPE le 26 mai 2017 - n°382 de La Lettre des Finances Locales
- Conserver mes publications au format pdf help_outline
- Recevoir par mail deux articles avant le bouclage de la publication.help_outline
- Créer mes archives et gérer mon fonds documentairehelp_outline
- Bénéficier du service de renseignements juridiqueshelp_outline
- Bénéficier du service InegralTexthelp_outline
- Gérer mon compte abonnéhelp_outline